Yoni soit qui mal y pense…!

« Lotus Vagina » réalisé par Valérie Rullaud

 « Yoni »  est le nom sanscrit pour désigner le sexe de la femme (matrice ou vulve).

Yoni est en effet un terme neutre que j’emploierai de préférence pour désigner cette partie du corps de la femme qui a été mis à mal depuis tant d’années, tant de siècles….

Si on veut bien se pencher sur le vocabulaire correspondant au sexe féminin, que trouve-t-on ? Avant le 18 ème siècle,  celui-ci était plutôt riche et connoté positivement. Ainsi au 16 ème siècle, des blasons qui étaient des poèmes étaient entièrement dédiés à cette partie anatomique du corps féminin et en faisaient l’éloge. Actuellement, si l’on compare avec le sexe masculin, le vocabulaire est bien moins étendu, on peut trouver des sobriquets, que je n’énumèrerai pas ici…comme si parler du sexe féminin n’était pas sérieux !!! On peut également trouver des termes peu élogieux : les parties honteuses, les lèvres honteuses … etc.

Du plus loin que je me souvienne, je devais être très petite et j’étais les jambes en l’air sur le canapé et je revois du regard noir de mon arrière grand-mère, qui devant mes espiègleries ne put s’empêcher dire que j’étais une « sale drôlesse » (expression du Midi de la France qui signifie « fillette, gamine » mais aussi « femme de mœurs très libre »… Si l’on pousse plus loin la définition, on trouve : garce, mégère, virago, chipie, matrone, furie….

Autre souvenir, j’étais à la Maternelle, j’étais très fière d’une culotte que m’avait offert ma mère, celle-ci était turquoise et la texture était toute douce en éponge, ce qui n’était pas courant à l’époque. Et j’étais très fière de montrer à mes camarades cette magnifique culotte, que j’étire jusque sous les bras non sans me procurer quelques sensations…Bien sûr cela ne passa pas inaperçu du côté de la maîtresse, qui ne trouva rien de mieux que de me mettre devant tout le monde en position de fessée sur ses genoux et de demander aux autres élèves s ‘il fallait me déculotter…et d’entendre mon amoureux de l’époque, je devais avoir 4 ans, dire oui…. !!!

Même si je peux en rire maintenant, voilà comment débute les expériences que l’on peut avoir de notre sexe. Saleté, honte, humiliation….Ce qui ne nous incite guère à aller voir au delà ou à en savoir davantage…Quelque chose s’inscrit là et nous dit qu’à cet endroit, il y a quelque chose de mal, de défendu

Montrer, voir….ça n’est pas bien…

La représentation du sexe féminin

Quelle représentation avons nous en effet de cette partie de notre corps ?

Si les garçons n’hésitent pas à comparer leur sexe, qu’en est-il de celui des filles ? Bien souvent la représentation qu’elles ont de leur sexe se fait bien plus tard, à l’adolescence quant les pulsions sexuelles se réveillent ou bien au détour d’une vidéo porno.

Voir le sexe d’une autre femme … Or, cela n’a rien à voir (sans jeu de mots) avec votre sexe….Que voyez-vous ? Si ce n’est des vulves totalement épilées, des petites lèvres parfaitement symétriques…Et là, le questionnement… Et si je n’étais pas « normale » ? Ce qui dans certain cas peut donner lieu à une nouvelle chirurgie, la labiectomie ou nymphoplasie.

Voir, donner à voir notre intimité…

Passage chez le gynécologue…Montrer la partie la plus intime de notre anatomie…Laquelle d’ente nous ne se déconnecte-elle pas totalement de la situation,… c’est un peu comme quand nous sommes dans une file d’attente, nous sommes là, sans être là. Nous nous absentons de la situation, devant le technicien ou la technicienne et vite nous nous empressons d ‘oublier cette mauvaise posture.

Pourquoi ne nous intéresserions nous pas à notre Yoni? C’est bien de nous dont il s’agit, de notre intimité la plus profonde.

Dans les années 70, est apparue une méthode d’exploration tout à fait originale intitulée « Self help gynécologique » qui consistait en l’exploration de son propre sexe aidé par un groupe de femmes. A l’aide d’un spéculum, d’un miroir et d’une lampe de poche, la femme découvrait cette partie de son corps, soit en la regardant ou en recevant la description par une autre femme. C’est une pratique à laquelle s’était intéressée Vanessa D’HOOGHE dans le cadre de sa thèse de doctorat portant sur le réaménagement du modèle de la Féminité entre 1960 et 1970 en France et en Belgique. Ce travail est apparu dans un cadre bien particulier où les femmes étaient en révolte contre un modèle d’identité sexuelle établi. Acte que l’on peut qualifier de révolutionnaire tout autant que les avortements qui se pratiquaient à l’époque sans le consentement médical.

Pourquoi en effet n’observerions-nous pas notre sexe comme nous observons à l’intérieur de notre bouche lorsque nous avons mal à la gorge et décider du remède à prendre? Ce qu’il faut savoir concernant les femmes qui ont été à l’initiative de cette démarche, c’est qu’elles se sont retrouvées accusées d’exercice illégal de la médecine pour avoir conseillé un traitement à base de yaourt pour traiter certaines affections vaginales.

SPECULOS OU SPECULUM ?

Pour la petite histoire, le « Self help » a eu pour ancrage Bruxelles. Lorsque le mouvement féministe a cette initiative et fera une tournée européenne, des speculums seront envoyés en Angleterre afin d’être diffusés dans toute l’Europe. Et pour ne pas attirer l’attention de douaniers, le contenu était juste spécifié comme ceci « Specul–s » pensant que ceux-ci pourraient ainsi confondus avec les délicieux biscuits du nom similaire.

Si ce mouvement d’auto auscultation s’inscrit d’une manière historique dans une démarche féministe, il a fait naître en tous cas l’idée  de « ce qu’est une femme »… seules les femmes peuvent en donner la définition. Connaître son corps, son sexe… au- delà des définitions qui proviennent de la société et qui sont des définitions qui ne nous appartiennent pas.

 

Et vous où en êtes vous avec votre yoni ?

Avez vous vraiment regardé votre yoni ?

Quelle représentation avez-vous de votre yoni ?

Comment parlez vous de votre yoni ?

Quel soin prenez-vous de cet endroit qui fait de vous une Femme ?

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